La traversée des enfers
- Maya APRAHAMIAN
- 19 févr. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 févr. 2024
..ou bien, comme disait Winston Churchill, if you’re going through hell, keep going.
Ce qui s'annonçait sur la carte comme une lettre à la poste - quoique… - a tourné en scénario de warrior avec une tramontane coriace et versatile. 90km…qui en valent 200.
Après un dodo magique sur la péniche de Mariance au hameau de Soumail dans la chambre nuptiale - si, si -, nous avons mis le cap…sur la mauvaise direction.
Résultat : 6 km de détour pour commencer.
Pour notre excuse, il faut préciser que les indications pour les cyclistes sont médiocres. L’Aude ne marque pas de point contrairement à l’Hérault. Et après moult circonvolutions, nous avons pris la départementale jusqu'à Narbonne. Je vous passe les concertations multiples et variées entre Monsieur et Madame sur la bonne route à prendre.
Donc finalement arrivée aux alentours de 13h dans la cité historique de Narbonne, devant le Palais des Archevêques. Une splendeur ! Devant lequel nous avons pris notre traditionnel diabolo menthe. Traditionnel car c'est devenu notre récompense quotidienne pendant nos voyages à vélo.
Fort de notre dose de sucre, nous voici sur le chemin de halage longeant le canal de la Robine.
À ce stade, le “vent qui rend fou” a déjà grignoté mes neurones et je ne vois qu'une allusion scabreuse dans ce nom. Que nenni !
Robine vient de l’occitan ‘roubine’ et signifie ‘canal’, donc le canal du canal…
Bref.
Et bien cette prétendue piste cyclable n’est qu’un chemin de halage pour VTT ou randonneurs. Les gravels seraient malheureux.
Néanmoins, un régal pour les yeux : la beauté sauvage, la traversée d’une langue de terre entourée d'étangs, la Robine a des reflets opale …
On occulte les rafales de vent agressives ainsi que la ligne de train.
Vers 16h, nous voici à Port La Nouvelle qu’on a appréciée pour…son Carrefour Express et la tablette de chocolat ainsi qu'un paquet de pâtes pour le soir.
Nous pensions avoir fait le plus dur…
Erreur !
Pas de trace de panneau indicateur vers une piste cyclable, donc on demande au grand manitou Google, rubrique vélo. On valide avec les précisions données par France Vélo Tourisme sur l’étape. Même topo… nous longeons la mer, la voie ferrée à notre droite.
Les plages sont spectaculaires. Le chemin .. atroce. Je ne compte pas les fois où je descends pour pousser ma Ferrari à deux roues. Vous imaginez sa frustration ? Elle qui aime la vitesse. Elle se retrouve dégradée au grade de trottinette.
Revenons à la piste foutage de gueule…après au moins 10km, plus de chemin, mais la rive d'un étang. Le chemin est inondé. Ne souhaitant pas nager, on contourne tant bien que mal à travers un sentier de sable recouvert de joncs. Et au miracle, une route.
«Trop bien, go go go…» pschhhhhh… Monsieur a crevé. Nous nous planquons derrière un restaurant désert du hameau Le Franchi pour changer la chambre à air. La Tramontane, toujours la Tramontane.
Nouveau départ, il est déjà 17h bien entamée.
Je vous passe les derniers 18km. Nous saturons, nous pédalons avec le vent latéral. Le soleil se couche, le ciel se pare de ma couleur préférée, fushia. Vers 19h, nous trouvons notre gîte pour la nuit.
Plus qu’un étage à escalader par l’escalier avec nos mules - ce ne serait pas drôle sinon.
Demain, la dernière étape direction Argelès-sur-Mer. Éole nous taquinera sans aucun doute..
Amb le vent d'auta, cal pas menar las vacas al camp.
Avec le vent d'autan, il ne faut pas conduire les vaches au champ.….
Allez encore qqs tours de pédale pour retrouver les anchois!